Dear Jeff,
Je suis
tombée tardivement dans les méandres de tes pellicules poussiéreuses, et je
m’en excuse humblement. Après tes histoires de familles dans Shotgun Stories et
ton immersion paranoïaque dans Take Shelter, voilà que tu
t’embourbes dans les eaux boueuses du Mississipi. Embarquement
immédiat avec tes deux jeunes comparses. Rien ne leur fait peur, pas même ce
mec mal rasé, en chemise crème, coincé sur une petite île déserte. Bien au
contraire, ils s‘y attachent à ce Mud crasseux, et nous aussi
d’ailleurs.
Un bateau
suspendu aux arbres les réunit, a hell of a thing. Une histoire de
serpent plus tard, et ce petit monde est lié dans une histoire d’amour au goût
et aux conséquences amers. Tu dessines alors les images d’une aventure
vibrante. Tes personnages ne sont peut-être pas les plus originaux mais ils
sont authentiques. Ce sont les cœurs purs d’Ellis et Neck qui
les font graviter autours de ce mystérieux tatoué qui rêve de s’envoler avec sa
blonde.
Les
histoires d’amour finissent mal en général, et ce n’est pas toi qui va nous
dire le contraire. L’amour, même partagé, ne gagne pas toujours à la fin. La
vie a aussi ses droits et les femmes que tu dépeins dans ce monde ardu font
leurs propres choix. Pour survivre, pour une vie meilleure ou simplement pour
grandir. Ta vision éclairée transparaît dans les yeux de ces hommes qui doivent
faire avec.
Chacun a pu
grandir sous ton œil bienveillant. Les expériences ont été rudes mais riches,
puis un clin d’œil d’espoir perça le jour pour achever le récit et tourner la
page. Une autre vie commence !
Cher Jeff,
on ne te le dira jamais assez, tes choix d’acteurs font toujours un sans fautes
et leur direction sous ta baguette ne doit pas y être étrangère. Entre ces
gamins pleins de justesses et un Matthew MonChéri doux-amérin,
sans oublier les prestations de Ray McKinnon en
père touchant et de ton fidèle Michael Shannon en
oncle attentif (qu’on voit pourtant peu). Oh mais je n’omets pas la mise en
scène sublime qui te colle apparemment à la peau. Tes images défilent dans un
courant de beauté fluide et plein d’émotions, et pour cela tu devrais aussi
remercier pour moi ton directeur photo Adam Stone qui
t’accompagne toujours.
Je termine
en te rappelant qu’à notre rencontre j’avais
promis de t’aimer, et je ne regrette pas de t’avoir fait confiance. Après
seulement trois films, tout semble annoncer un avenir faste que je compte bien
partager avec toi, alors ne fais pas comme ces pauvres bougres qui n’ont fait
que me décevoir.
You’re like a dream I don't want to wake up from.
Affectionately
yours,
Lili
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