Top of the lake est une mini-série assez bouleversante crée par Jane Campion et Gerard Lee.
Située dans une petites ville au bord d'un lac de montagne de Nouvelle-Zélande, Laketop, ici on est loin
des clichés hollywoodiens. Les lois qui régissent cette communauté isolée du
monde extérieur ne sont pas vraiment à jour. Et voilà qu'une jeune détective de Sydney, Robin (brillamment interprétée par Elisabeth Moss)
qui a grandit dans le coin, vient mettre son nez dans les secrets inavouables
de tout ce petit monde. Sa quête de vérité concernant Tui, la petite fille enceinte
qu'elle est venue aider, vire peu à peu à l'obsession. Il faut dire
qu'elle-même a ses propres démons et que sauver Tui peut-être aussi une façon de se
sauver? Oui sauver l'innocence malmenée qui subsiste malgré tout (démontré par
cette petite phrase: "I don't even know how it got there") et
qui se bat de toutes ses forces. Mais contre quoi? et contre qui? On se le
demande jusqu'au bout car la bassesse humaine nous offre ici une belle
brochette de champions. Parmi eux l'un des plus terrifiant est le père, Matt, le personnage le plus
fort qui est superbement incarné par Peter Mullan et qui parfois vous glace le sang. Et
puis, peut-être pour représenter l'humanité, il y a cette petite communauté de
femmes qui s'installent à "Paradise". Un miroir à la
société machiste et patriarcale de Laketop qui n'a plus grand pouvoir de ce côté
de la barrière. Car même si ces femmes sont blessées et brisées, leurs émotions
et leur solidarité sont pures et ensemble elles deviennent fortes pour se
protéger. Emmenées par une charismatique GJ (méconnaissable Holly Hunter)
qui n'a aucune prétention de leader ou de gourou, mais juste comme la décrit Bunny "c'est la seule personne qui
dit la vérité". Encore une symbolique peut-être, comme si le seul fait
d'être complètement honnête la rendait si rare qu'elle inspirait le respect et
on s'y accrochait même si la vérité était bien dure parfois. Cela fait
opposition aux secrets enfouis par plusieurs des autres personnages, parfois
pour se protéger eux-même ou pour protéger quelqu'un d'autre.
Ensuite, il y a la beauté que dégage chaque image,
les paysages magnifiquement filmés et la sombre mélancolie de chaque plan. On
retrouve la patte de Jane Campion dans les émotions qu'elle nous fait
ressentir parfois sans aucun mot. On se laisse emporter par cette fable aussi
belle que dramatique qui nous donne la chair de poule par moment. Elle nous
fait voir aussi de quoi l'être humain est capable, dans le pire comme dans le
meilleur.
Il faut donc prendre le temps de regarder cette série
mais sans être pressé pour pouvoir s'investir dans l'histoire en faisant fi des
lenteurs de certaines scènes, car tout de même d'une rare beauté. A part
peut-être les scènes d'amour de Robin et de son copain que je trouvais un
peu trop nombreuses, mais au final je me dis que c'était peut-être fait exprès
justement pour mieux refléter certaines révélations qui viendront plus tard.
Personnellement je trouve que les 6 épisodes de 60 min (ou 7 épisodes de 45 min
sur certains supports) nous tiennent en haleine tout le long et nous font vivre
des sensations troublantes, angoissantes, bouleversantes mais parfois aussi
attendrissantes.
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