Flouka signifie en arabe (dialectal maghrébin) «
barque ». Toute une symbolique déjà dans le nom choisi par ce jeune artiste
algérien. Monsieur Flouka nous vient de la région oranaise, berceau de la
musique raï. Ce musicien autodidacte vogue sur différents styles musicaux qui se
mélangent dans l’écume de son premier album Thawra (« Révolution »). Il surfe entre les
vagues rock, reggae et autres blues touareg, raï et chaâbi algérois.
Flouka a aussi une superbe voix qui porte les
difficultés de la vie dans ses paroles. Il chante majoritairement dans le
dialecte algérien, langue qui parle à tous les enfants du Maghreb tant ils
partagent les mêmes misères. Lui-même immigré en France, beaucoup de ses mots
visent cette population parfois délaissée. Cependant, le thème principal reste cet
appel au peuple de son pays natal, en dénonçant les problèmes qu’il rencontre
et les dirigeants qui le bouffent. "Yaw Salam" donne le ton, sur une
base reggae/chaâbi qui se finit en mode touareg. Une salutation qui invite à en
découvrir plus. Puis "Galet Li" aborde un thème cher à la musique raï
: l’Amour, surtout quand il est brisé. C’est dans "Ya Baba",
chantée en français cassé, que la solitude de l’exil se fait ressentir au
détour d’un blues rock personnel. Sonne alors "Jibou" qui rappelle le
style de Gnawa Diffusion dans sa musique mais aussi dans ses
paroles en quête de liberté malgré tout « Ce
n’est pas grave s’ils tirent, car c’est en ton nom : Liberté ». Le reggae habite ensuite "Wayo"
qui exprime en son texte les clichés et le regard des « autres » sur les
peuples arabes. Mais le regard de Flouka sur son pays n’est pas moins incisif
dans "Loukane" (« Si ») et dans "Nar el Hogra" (« Le feu de
la hogra ») dans laquelle il nous parle d’un homme qui s’est immolé par le feu
ne supportant plus la hogra (« oppression et mépris »), La chanson
la plus virulente de l’album, qui accuse les dirigeants du pays et qui rappelle
au peuple qu’il doit encore se battre « Mon
peuple, c’est ta Terre et tu le sais. Ne les laisse pas tout te prendre et
s’ils te tuent, meurs debout ! »).
La
guerre de Flouka n’est pas encore finie, ni la notre d’ailleurs, où que l’on
soit.
Sur
les vagues déchaînées d’un avenir incertain, une petite barque tente de se
frayer un chemin tout en gardant la tête haute et hors de l’eau…
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