mardi 7 mars 2017

Au gré des vents - Thawra (2014)

Flouka signifie en arabe (dialectal maghrébin) « barque ». Toute une symbolique déjà dans le nom choisi par ce jeune artiste algérien. Monsieur Flouka nous vient de la région oranaise, berceau de la musique raï. Ce musicien autodidacte vogue sur différents styles musicaux qui se mélangent dans l’écume de son premier album Thawra (« Révolution »). Il surfe entre les vagues rock, reggae et autres blues touareg, raï et chaâbi algérois.

Flouka a aussi une superbe voix qui porte les difficultés de la vie dans ses paroles. Il chante majoritairement dans le dialecte algérien, langue qui parle à tous les enfants du Maghreb tant ils partagent les mêmes misères. Lui-même immigré en France, beaucoup de ses mots visent cette population parfois délaissée. Cependant, le thème principal reste cet appel au peuple de son pays natal, en dénonçant les problèmes qu’il rencontre et les dirigeants qui le bouffent. "Yaw Salam" donne le ton, sur une base reggae/chaâbi qui se finit en mode touareg. Une salutation qui invite à en découvrir plus. Puis "Galet Li" aborde un thème cher à la musique raï : l’Amour, surtout quand il est brisé. C’est dans "Ya Baba", chantée en français cassé, que la solitude de l’exil se fait ressentir au détour d’un blues rock personnel. Sonne alors "Jibou" qui rappelle le style de Gnawa Diffusion dans sa musique mais aussi dans ses paroles en quête de liberté malgré tout « Ce n’est pas grave s’ils tirent, car c’est en ton nom : Liberté ». Le reggae habite ensuite "Wayo" qui exprime en son texte les clichés et le regard des « autres » sur les peuples arabes. Mais le regard de Flouka sur son pays n’est pas moins incisif dans "Loukane" (« Si ») et dans "Nar el Hogra" (« Le feu de la hogra ») dans laquelle il nous parle d’un homme qui s’est immolé par le feu ne supportant plus la hogra (« oppression et mépris »), La chanson la plus virulente de l’album, qui accuse les dirigeants du pays et qui rappelle au peuple qu’il doit encore se battre « Mon peuple, c’est ta Terre et tu le sais. Ne les laisse pas tout te prendre et s’ils te tuent, meurs debout ! »).

La guerre de Flouka n’est pas encore finie, ni la notre d’ailleurs, où que l’on soit.

Sur les vagues déchaînées d’un avenir incertain, une petite barque tente de se frayer un chemin tout en gardant la tête haute et hors de l’eau…

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