mardi 11 avril 2017

Ragnagna - Ran (1985)

Je n’ai pas envie de parler de ce film en fait. Franchement, je ne me sens pas de m’atteler à ce genre de grosse besogne cinématographique, je n’ai pas les épaules pour. Pourtant mes doigts me démangent… 

Au fait, ce Ran m’a toujours attiré. Grâce à son affiche déjà, que j’ai toujours trouvée sublime, et puis bien sûr à cause du nom de son réalisateur dont l’œuvre m’a toujours fait peur. Il faut dire que ce n’est pas facile de s’attaquer à cette divinité du cinéma nippon. J’ai souvent repoussé son visionnage pour être dans les meilleures conditions possibles (whatever that means…). Oui il est toujours difficile d’affronter un monstre (je sais ce que je dis), et j’ai donc décidé de commencer par sa queue. C’est la meilleure tactique que j’ai trouvé.

Ran donc, 27e film de Kurosawa-sensei, sera une œuvre majeure de sa filmographie. Je ne vais pas recracher tout ce que j’ai lu, par exemple qu’il a peint lui-même le storyboard et que ça lui a pris une dizaine d’années de préparation, ou qu’il a fallu plus de deux ans pour faire les costumes, handmade… Non.

Je ne vais pas non plus m’attarder sur ses influences shakespeariennes et sur le fait que Ran soit une adaptation du King Lear. D’ailleurs, je n’ai même pas besoin de dire à quel point le mariage entre les tragédies du briton et l’art du nippon est solide et harmonieux. Si je devais donner mon avis, je dirais qu'ils étaient fait pour se rencontrer.

Je n’ai même pas d’arguments à avancer sur cette vision sombre et pessimiste qui ressort de l’œuvre. Il faudrait alors discuter des pires vilenies dont l’Homme est capable pour telle ou telle raison : soif de pouvoir, jalousie, envie, vengeance… et se rappeler, aussi, que la vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène, et qu’ensuite on n’entend plus.

Je n’ai pas l’intention de faire une tirade sur ses plans magnifiques, de près ou de loin, à l’extérieur comme à l’intérieur, dans le bruit ou dans le silence… Il n’y aurait d’ailleurs pas grand-chose à dire, tant il faut le voir de ses propres yeux pour en sortir époustouflé.

Je vais encore moins rentrer dans les détails, pour parler des jeux de couleurs et de lumières, ou pour louer les qualités des séquences chorégraphiées, avec un seul homme ou des milliers, dans la vie comme dans la mort.

Je ne ferai surtout pas la bêtise d’évoquer le talent du réalisateur, son travail acharné qui transpire à travers l'écran, ou son souci du détail et sa capacité à rendre chaque scène digne d’un tableau de maître… Figée ou mouvante, dans les champs verdoyants, au cœur d'un brasier, ou sur les ruines du passé.

Et puis à quoi ça servirait de parler de la musique de Tōru Takemitsu si on ne l’a pas personnellement entendue aux moments les plus opportuns, les plus forts, déchirant le feu de la bataille ou le silence des êtres perdus.

Non, vraiment, je ne veux pas causer de ce film.


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